Clés de Croissance | Martin Fassier, PDG et fondateur de CaSA nous livre ses secrets et conseils pour accélérer sa croissance d'entreprise.
Dans notre nouvelle rubrique Clés de Croissance, chaque mois, on met la lumière sur un entrepreneur en technologies inspirant dont l’entreprise réalise des performances notables de croissance inter-provinciale ou internationale.
Aujourd’hui, on rencontre Martin Fassier, PDG et fondateur de CaSA, une entreprise Québécoise qui s’est donné comme mission de mener la marche dans les profonds changements que vit le secteur de l’électricité à travers le monde à travers ses solutions de gestion énergétique intelligentes.
Il vous livre à travers notre entrevue de précieux conseils pour bien entreprendre et pour accélerer sa croissance d’entreprise aussi bien localement qu’à l’international!
- TechnoMontréal : Quelles ont été les étapes clés de croissance de ton entreprise?
- Martin Fassier : Une des étapes marquantes pour notre entreprise a été le lancement de notre premier produit en 2014 et la démonstration de ce que nous pouvions accomplir avec celui-ci. Parallèlement, c’est aussi à ce moment que nous avons pris la résolution de ne pas croire un mot venant des personnes qui nous prédisaient l’échec. Il a fallu près de 4 années pour y arriver, mais nous récoltons aujourd’hui les résultats de ces efforts, de ces années de vaches maigres. On ne développe pas un marché inexistant sans faire des erreurs, sans prendre le temps d’en tirer des leçons et d’ensuite d’en corriger le tire. Nous aurions pu, dès le départ, nous lancer complètement dans le modèle d’affaire complexe que nous exploitons aujourd’hui, mais nous ne serions probablement plus là pour en parler. Dans ce contexte, apprendre à apprendre n’est pas un exercice facile, mais c’est absolument nécessaire quand on développe des technologies et des modèles d’affaires qui n’ont tout simplement pas d’équivalents ou de points de référence.
- TechnoMontréal : Comment avez-vous pris la décision de vous lancer dans un nouveau marché, qu’il soit transprovincial ou international?
- Martin Fassier : Notre force a été de ne pas rechercher les similitudes, mais plutôt d’exploiter les différences.
Par exemple, au Royaume-Uni, nous avons tout de suite compris qu’il n’y existait pas la moindre plinthe électrique. Nous sommes donc rapidement arrivés à la conclusion qu’il nous fallait comprendre ce qu’on y trouvait à la place pour ensuite développer la meilleure solution pour combler le besoin. Cette recherche nous a alors ouvert la porte à une opportunité insoupçonnée : il se trouve que notre produit pour les plinthes chauffantes, avec une légère modification, s’avérait être une solution idéale pour le contrôle des chaudières « combi » qui se retrouvent dans la majorité des maisons anglaises, soit un marché de 66 millions de personnes.
Également, cette même recherche nous a permis de faire de nouvelles découvertes similaires dans d’autres marchés d’exportation. Par contre, nous avons dû faire des choix considérant le fait qu’un lancement de programme dans un pays spécifique s’articule beaucoup autour des opportunités de soutien financier, des partenariats, et encore une fois, sur la vitesse. Développer un marché sur 10 ans, c’est courir le risque que la compétition le saisisse en 5 ans…
- TechnoMontréal : Quelle est la formule magique pour une croissance d’entreprise réussie selon toi?
- Martin Fassier : Il faut tout d’abord avoir la conviction profonde et immuable qu’il n’existe pas de formule magique pour la croissance réussie d’une entreprise 🙂 Je lis tous les jours des histoires de succès qui, appliquées à notre contexte, se traduiraient par des catastrophes. Bien sûr, il y a des items clés qui s’appliquent à tous, tels que le fait de trouver les bons partenaires, de rester en mouvement et d’être présent et visible dans son milieu. Ce sont là des règles d’affaires universelles. La croissance est un chemin cahoteux et on doit accepter à l’avance qu’il y aura des bons et des mauvais coups. C’est de là que vient l’idée de conserver l’équilibre qui convient le mieux à son équipe, à ses clients et, en bref, à son entreprise. La croissance est ensuite l’effet secondaire qui se produit à partir de cet équilibre.
- TechnoMontréal: Dans ton cheminement de fondateur/dirigeant d’entreprise, as-tu eu un moment ‘wow!’ révélateur? Quelle a été ta réaction?
- Martin Fassier: Oui, j’ai eu une révélation, mais pas nécessairement de la meilleure espèce par contre. Je m’explique, je viens du milieu du spectacle où le temps qui sépare la réflexion de la décision et de l’action est souvent compté en jours, et, parfois même, en heures. Dans le monde de la technologie, la leçon à apprendre se situe plus largement au niveau du développement des affaires. Dans ce domaine, le temps, ou plutôt l’absence de celui-ci, se veut le dénominateur commun pour toutes les entreprises, peu importe leur taille. Il n’est donc pas possible d’acheter le temps qui passe sans une réflexion ou sans une prise de décision et d’action. Notre capacité à agir rapidement, à analyser et à réagir à une situation avant de la subir s’avère être un des plus grands atouts de CaSA, et ce, à ma grande surprise, je dois l’avouer.
- TechnoMontréal : Quels conseils donnerais-tu à un jeune entrepreneur qui débute sa carrière?
- Martin Fassier : Je trouve que l’on présente l’entrepreneuriat comme une chose romantique faite de beaux locaux à aires ouvertes qui sont situés dans des quartiers branchés avec des tables de ping-pong et des fauteuils colorés, en plus des voitures Tesla stationnées dans toutes les places de stationnement…
En réalité, quand on choisit de monter son entreprise, cela représente un travail titanesque qui n’a absolument rien de glorieux ou de « glamour ». Monter son entreprise, c’est salissant, c’est épuisant et c’est même éreintant… mais c’est aussi la chose la plus gratifiante que vont faire ceux et celles qui ont la patience et la discipline d’attendre de récolter les fruits de leurs efforts. C’est d’ailleurs cette patience qui n’est pas donnée à tous. À mon avis, c’est là que beaucoup de gens se retrouvent face à l’échec. D’ailleurs, cet échec, ils ne se le sont pas fait imposer par les circonstances, mais bien par eux-mêmes lorsqu’ils l’ont placé sur leur route avec des attentes déraisonnables, des besoins de gratification instantanés et l’idée – complètement fausse – que le succès vient au plus populaire ou à celui qui a sué le plus fort alors qu’en réalité, 9 fois sur 10, le succès se présente tout simplement à celui qui n’a pas reculé.